Les ténèbres du samedi soir ont envahi Paris. A Strasbourg-Saint-Denis, l’on s’agite, l’on se bouscule encore.
Fatigué, je regagne mon hôtel rue de Beauregard. Mais près d’un kiosque, une photo de couverture m’arrête. Juliette Binoche livrerait son intimité dans les pages glacées d’un magazine spécialisé.
La nuit est bien avancée et je ne parviens pas à dormir. C’est de ma faute. J’ai contemplé trop longtemps les photos de cette actrice inaccessible.
Jamais je n’oserai tourner avec Juliette Binoche. Lequel de mes scénarios pourrait la séduire ?
Un dimanche matin froid et ensoleillé règne sur Paris. Tout est calme et lumineux dans le petit square près de l’église Bonne Nouvelle. Les premières feuilles mortes ont quitté leur branche. Je m’assois sur un banc. Je songe à Juliette Binoche , au scénario à entreprendre rien que pour elle. Mais voilà qu’une étrange présence me frôle. Un éclair noir me surprend. Il pourfend l’air et se pose délicatement. Sur mes genoux, une chatte noire se love.
Ses regards charmeurs me percent et m’observent tandis qu’elle effectue en ronronnant un brin de toilette. Enfin elle s’endort bercée par mes caresses.
J’aurais pu rester des heures immobile et veillant sur ce sommeil félin aussi précieux que mystérieux.
Mais il y eut cet appel : « Câlinette ». Aussitôt l’animal se redresse.
- Câlinette insiste une voix d’homme.
La chatte bondit et traverse le square. Mais arrivée près d’une haie, elle se retourne et me regarde une dernière fois.
- Au revoir Câlinette, lui dis-je.
Déjà elle disparaît.
Juliette Binoche sourirait si je lui écrivais cette histoire.
Manuel CARE
Juliette Binoche